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Wimbledon 2023 : Alcaraz – Rune, ou comment le choc de la nouvelle génération était un flop évident

Alcaraz Rune Wimbledon
Source image : beIN Sports France

Il s’agissait du choc de ces quarts de finale à Wimbledon, mais plus symbolique encore, d’un choc de la nouvelle génération. Carlos Alcaraz, numéro 1 mondial contre Holger Rune sixième au classement, l’affiche faisait rêver. Peut-être en attendait on trop des deux pépites, porte-étendards du tennis post Nadal et Djokovic. Mais de là à comparer leur joute à celles de leurs illustres ainés comme l’a fait Mats Wilander, il faut doser. En effet, le combat a été à sens unique, Alcaraz se débarrassant de son camarade en trois sets 7/6 6/4 6/4.

Alcaraz et Rune, une comparaison toutes raisons gardées

Si l’on attendait un poil trop de ces deux jeunes joueurs, du moins de leur confrontation, c’est du fait de leur extraordinaire précocité. Une stat mise en lumière par le compte Jeu Set et Maths l’exprime parfaitement.

Une stat qui résume tout le paradoxe entre Alcaraz et Rune : si proche et si loin l’un de l’autre. Le prodige espagnol a démontré sur cette rencontre que la comparaison s’arrêtait là. Entendons nous bien, les résultats d’Holger sont exceptionnels pour son âge (1/4 à Roland puis à Wimbledon cette saison) mais son compère a banalisé l’exceptionnel. Carlos Alcaraz, c’est déjà 11 titres à seulement 20 ans, dont 1 Grand Chelem, 4 Masters 1000 et une place de numéro 1 mondial, le plus jeune de surcroît.  Pour leur premier affrontement en Grand Chelem, ce match a bel et bien exprimé le fossé qui les sépare… pour l’instant.

Une différence physique

C’est la première chose qui a frappé sur ce match et qu’on retrouvait déjà dans la carrière fraichement entamée des deux hommes. Carlos Alcaraz a un physique très mature pour son âge, sa prise de muscles à partir de début 2022 n’ayant qu’entrainé plus vite son irrésistible ascension. Un physique (presque) à toute épreuve : pour remporter l’US Open en 2022, il a dû enchainer trois matchs en cinq sets (face à Cilic, Sinner et Tiafoe) avant de s’imposer face à Ruud. Même si ses crampes récentes à Roland-Garros face à Novak Djokovic ont pu remettre en question une caisse physique impressionnante, c’est aussi en partie à cause du stress et d’une débauche d’énergie parfois trop accrue.

À l’inverse Holger Rune ne peut pas en dire autant. Un visage encore bambin à côté de l’espagnol, et des problèmes physiques depuis son début de carrière. Le Danois a toujours été obligé de composer avec des crampes et des baisses physiques. Une lacune particulièrement présente en fin de tournoi, qui lui a en partie coûté certaines finales (face à Rublev à Monte-Carlo ou encore à Rome face à Medvedev). Un souci à gommer qui l’empêche logiquement de briguer les dernières places dans les Grand Chelem.

Ce qui n’a pas fait exception aujourd’hui : à partir du troisième set, le Danois a semblé carbonisé et n’avançait plus vraiment, à l’image de nombreux revers vendangés dans le filet faute de se baisser sur ses appuis. Ainsi il reste peu envisageable pour lui de remporter un Majeur actuellement s’il est sur les rotules au bout de deux heures de match en quart de finale.

Alcaraz versus Rune : produit fini contre produit en développement

Quand on regarde le match d’Alcaraz aujourd’hui, cela saute aux yeux : l’Espagnol s’est comporté en patron. Un plan de jeu appliqué à la lettre, à savoir agresser en permanence en coup droit, conserver ses jeux de service et mettre le plus de pression et d’intensité possible contre son adversaire. Le tout agrémenté d’amorties, de lobs pour vite faire tourner en bourrique le Danois. Rune, qui dispose lui aussi d’un attirail technique impressionnant, n’a pourtant pas su rester aussi constant que son vis-à-vis, et a baissé au moment où il le fallait le moins. Trop passif, il a subi durant tout le match les assauts de l’Espagnol malgré de belles fulgurances.

C’est notamment ce tie-break du premier set qui a vite démontré la suprématie du Murcien. Une double faute de Rune et un service trop tendre sur balle de set pour donner les clés du match à Alcaraz. L’Espagnol a eu à défendre simplement une balle de break dans le premier set pour ensuite ne plus jamais être inquiété sur son service. Pour Rune, ça a été de mal en pis. Le 6e mondial n’a eu de cesse de batailler pour conserver son service mais s’est fait breaker à chaque fois sur de vilaines erreurs, à l’instar de ce smash en fin de deuxième set.

Une différence tactique donc, mais reflétant bien la différence de statut. Alcaraz a joué dans la peau du numéro 1 mondial et Rune dans le costume de l’outsider. Là où l’Espagnol serrait le poing, le Danois baissait la tête. D’un côté un produit fini ou presque, de l’autre une maturation encore nécessaire pour se targuer d’aller viser les plus grands titres.

Thomas Dunand

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