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Romain NextGen : « Mpetshi Perricard n’est pas un produit fini. »

Mpetshi Perricard ATP Antwerp
Source image : Eurosport (screenshot)

Certains se lèvent en pleine nuit pour regarder Sinner et Alcaraz en ¼ de finale de l’US Open 2021. D’autres se réveillent aux mêmes horaires mais pour assister au sacre de Giovanni Mpetshi Perricard au Challenger de Leon au Mexique en 2023. Romain, @RomainNextGen sur X, a choisi la deuxième option. Ce mordu de tennis, au presque 11 000 abonnés sur ex-Twitter, a accepté de répondre à nos questions concernant Giovanni Mpetshi Perricard. 

Après Luca Van Assche et Arthur Fils, voici Giovanni Mpetshi Perricard. Né en 2003 à Lyon, ce golgoth de plus de deux mètres vient de gagner ses deux premiers matchs sur le circuit principal à Antwerp. Entraîné par Emmanuel Planque, il affronte ce vendredi Alexander Bublik en quart de finale. L’occasion est idéale pour demander à Romain sa perception de ce joueur. 

« Je me disais “ah oui le gars est junior, il sert à 210 km/h et il fait super mal” »

Quand as-tu découvert Giovanni Mpetshi Perricard ? 

Je l’ai découvert au Petit As 2017 quand il avait 13/14 ans. Ça fait partie des joueurs qui ont tout de suite fait partie des meilleurs 2003 de sa catégorie d’âge. Il a tout de suite été dans le radar de la Fédération Française de Tennis et pris part aux équipes de jeunes.

Quelles étaient tes premières impressions ? 

Il a toujours était plus grand et costaud que les autres. Je me disais “ah oui le gars est junior, il sert à 210 km/h et il fait super mal”. Je me souviens d’un match à Roland Garros junior 2021 contre PB. Privara au troisième tour (6/2 6/0) j’avais l’impression de voir un adulte face à un gamin. Il était surdéveloppé.

Comment tu caractérises sa progression ? 

Sa progression est longiligne, pas très rapide. Par exemple, plusieurs 2003 ont des temps de passage plus rapides que lui (Alcaraz, Rune, Medjedovic, Nardi, Mochizuki). C’est un joueur qui grimpe par à-coup. Depuis Wimbledon il était 220/250e ATP. Il restait sur quatre défaites d’affilée avant Antwerp et là il en gagne quatre de suite.

« C’est loin d’être un produit fini. »

Cette forme d’irrégularité ça vient de son style de jeu ? 

Il a un jeu tellement agressif que quand tout passe il est dur à jouer. Mais il y a encore beaucoup de déchets. Ses forces c’est son service et son coup droit. Son revers à une main est sa grosse faiblesse et son jeu vers l’avant est aussi à travailler. J’ai tendance à penser qu’il est meilleur à la volée en double car il est statique, mais quand il doit venir de loin c’est plus compliqué. Son jeu est plutôt correct sur terre battue et il bouge bien pour son gabarit. Il est plus de la trempe d’un Raonic qu’un Karlovic. Sur terre (demi-finale à Roland-Garros junior en 2021), il a le temps de tourner autour de coup droit et d’imposer son jeu.

Quelles sont ses axes de progression ? 

C’est le jeu vers l’avant. Comme faire des retours bloqués et enchaîné au filet. C’est loin d’être un produit fini. Par exemple, il a encore tendance à accepter le rallye du fond, alors que non ! Il doit venir chercher les points à la volée et pousser l’autre à la faute. Alors que les joueurs qui tiennent la balle mieux que lui, ils sont 95% dans le top 500 ! Et ça doit pas être facile à accepter ! En plus, il est très copain avec Arthur Fils qui est capable de mettre des joueurs loin de la balle après de long échange et Mpetshi il explose direct. Giovanni est aussi en train de développer son revers choppé et ça peut devenir intéressant.

« Planque c’est l’un des trois meilleurs entraîneurs français. »

Depuis décembre 2021 il est entraîné par Emmanuel Planque, ex-coach de Lucas Pouille et de Fiona Ferro, qu’en penses-tu ? 

Il est bien entouré avec Planque. Pour moi c’est l’un des trois meilleurs entraîneurs français. Même physiquement il est bien. J’ai l’impression qu’il a pris en muscle ces derniers temps. Il ne se blesse pas beaucoup et depuis 2021 il joue au moins deux fois par mois.

Mentalement tu le trouves comment ? 

C’est de plus en plus costaud et il va devoir l’être parce que son jeu est hyper exigeant sur les points importants. De toute façon il va devoir être costaud dans la tête, les gens vont venir le voir jouer pour ses aces et d’autres vont le détester pour cela. Mais s’il veut aller au top top niveau il n’a pas d’autres choix. Il est un peu timide d’aspect, mais je ne pense pas que ce soit un serveur antipathique, il peut apporter un peu de folie et de spectacle.

« Je le vois faire une carrière, même si je lui souhaite mieux, à la Kenny de Schepper entre top 40 et 120 ATP. »

Selon toi, quel type de joueur va-t-il devenir ? 

Je le vois faire une carrière, même si je lui souhaite mieux, à la Kenny de Schepper entre top 40 et 120 ATP ou à la Eubanks. Sur un ou deux mois il va jouer l’acier donc il va prendre 20, 30 places et après se maintenir car il a des armes mais je ne le vois pas régulier sur du long terme. Je ne le vois pas comme un John Isner, il était plus capable de tenir du fond du court. “Gio explose rapidement encore.

Parmi cette génération française, tu le places dans quel wagon ? 

Pour moi dans la nouvelle génération en tête de wagon, et de loin, il y a Fils et Debru. Et après il y a Mpetshi. Il va profiter, un peu comme Van Assche, du fait que la lumière sera sur Debru et Fils. Comme Benneteau, qui n’a jamais été critiqué car les autres carburaient devant. Mpetshi va avoir des vagues où il va être injouable, genre sur la tournée US avec un 1/4. Et puis pendant deux ou trois mois il disparaît.

Quel est ton pronostic pour son match contre Bublik ? 

Ça va être compliqué parce que Bublik va lui prendre du temps, mais comme Giovanni est chaud en ce moment il peut aller au bout !

Samuel Barbotin

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