Ce jeudi soir, à la tombée de la nuit, Taylor Fritz a dominé Arthur Rinderknech en quatre sets 2/6 6/4 6/3 6/4, emportant avec lui tout espoir de voir un français en deuxième semaine et enfilant ainsi le costume du gâcheur de fête. Ce que le public français n’a pas accepté.
Ne pas faire aux autres ce que tu n’acceptes pas que l’on te fasse
Au fond qu’est ce qu’il a fait de mal Taylor Fritz ce jeudi, à part être s’être accroché pour vaincre son adversaire et se qualifier pour le tour suivant ? Qu’est ce que le public du court Suzanne-Lenglen lui reproche ? Un doigt devant la bouche pour répondre au chambrage de quelques supporters qui avaient dû, dans la journée, laisser à la tireuse à bière du site l’équivalent du PIB du Burundi ? Mais la base du chambrage n’est-ce pas d’accepter de se faire chambrer en retour ? Sans le risque de ce revers de la médaille, charrier son adversaire serait beaucoup moins savoureux, non ?
Pendant toute la partie, sur ces jeux de service, la tête de série n°9 subissait les tentatives de déstabilisation du public français, jusque sur sa seconde balle. Jusque-là, rien de très choquant étant donné qu’il est possible de retrouver des scènes similaires à l’Open d’Australie comme à l’US Open. Encore que, cet argument du “on fait ça parce qu’eux aussi le font” reste très largement contestable.
Mais acceptons, car le pire dans l’histoire, s’est déroulé en fait à l’issue de la partie. Fritz qui ne s’est jamais plaint, ni à son box, ni à l’arbitre de l’ambiance hostile qu’il subissait, s’est permis, une fois le match remporté, de répondre par un doigt devant la bouche. Et c’est dans la réaction du public du Suzanne Lenglen que réside le mal. En refusant la défaite et la réponse de l’adversaire franchement mesurée par rapport à ce qu’il a subi pendant près de 3h00, les tribunes ont montré une image pitoyable d’un tournoi diffusé en mondovision.
Ne pas reconnaître la performance du champion et l’empêcher de s’exprimer sur le court comme le veut le protocole était un spectacle gênant si ce n’est gerbant. Même Marion Bartoli qui a attendu, cinq bonnes minutes sur le court micro en main, que ces petits esprits se calment, paraissait désabusée. Finalement Fritz rentrera au vestiaire après avoir lâché deux mots totalement inaudibles car recouverts par les sifflets. Peu importe pour lui car ce jeudi soir il est sorti vainqueur de bien plus qu’un match.
En ce vendredi 2 juin, il n’y a plus de français à Roland-Garros et on a presque envie de dire tant mieux pour ne pas avoir à subir de nouveau ce bien triste spectacle.