Comme chaque année, le mois de février sur le circuit ATP est calme et ne suscite pas un intérêt gigantesque auprès du grand public. Mais pour les observateurs les plus aiguisés, c’est le moment de sortir les jumelles sur des pépites qui obtiennent leurs premières opportunités chez les grands. Parmi elles, Jakub Mensik et Joao Fonseca font beaucoup parler d’eux en ce moment.
Le mois de février sur le circuit ATP est toujours synonyme de gueule de bois après l’Open d’Australie. Les tournois qui suivent ne sont que des 250 ou des 500 et ne récoltent pas un immense intérêt pour le grand public. Même si des Top 10 jouent encore, les tournois ne sont pas assez importants ou médiatisés pour que le quidam réussisse à se dire qu’il va se poser pendant 2h/2h30 devant un Griekspoor – Ruusuvuori. No offense à Tallon et à Emil par ailleurs.
Sinner ou Fritz sont des joueurs de renommées internationales, mais pas sûr qu’énormément de personnes savent que le premier à remporter Rotterdam et que le second à conserver son titre à Delray Beach plus tôt dans le mois. Heureusement pour faire parler d’elle, cette période morose pour la plupart, possède certainement deux futures grandes stars que tout le monde ne voudra plus rater d’ici un an : Jakub Mensik et Joao Fonseca.
Joao Fonseca : le puissant feu brésilien
Pour ceux et celles qui ne le connaissent pas encore, Joao Fonseca, 17 ans, est tout simplement le n°1 mondial junior. L’année dernière en Grand Chelem Junior, le mec fait en toute détente quart de finale dans les trois premiers et décroche le titre à l’US Open. Ça va y’a pire comme saison.
Cette semaine, il reçoit une Wild-Card pour son premier tournoi dans la cour des grands, chez lui, à Rio pour l’ATP 500. L’histoire retiendra que pour ses premiers pas chez les adultes, le gars met une bulle à Arthur Fils sans aucune pression. Oui, Arthur Fils, 36e mondial à ce moment-là, jeune espoir français qui a bien fait parler de lui en 2023 et qui joue grave sur terre. Une bulle. 6/0. Une belle dinguerie, mais normale pour quelqu’un qui arbore la même tenue qu’Iga Swiatek. La suite du match est aussi dominante pour une belle perf 6/0 6/4.
Au second tour, Fonseca réitère en battant Cristian Garin, référence du circuit sur terre battue, 6/4 6/4. Le gamin est en fogo total comme on dit chez lui en portugais. Le public local est en ébullition devant une potentielle future star planétaire du tennis.
Pour les personnes qui ne l’ont pas encore vu jouer, le profil de Fonseca se rapproche de celui de Sinner. Une taille moyenne haute (1m85), longiligne, fin, mais terriblement puissant. Il n’y a qu’à voir les sacoches que le pauvre Garin a mangées cette nuit pour comprendre l’histoire. En plus de ça, il est déjà capable d’envoyer un sacré lift en coup droit, très efficace sur ocre.
Avant le début du tournoi, il était 685e mondial. Le voici au minimum 342e. Et si on se permet de rêver avec un trophée ce dimanche 25 février, il serait aux alentours de la 115e place mondiale, soit mieux classés que Gasquet, Shapovalov, Berrettini ou Medjedovic chez les jeunes.
Jakub Mensik : le roc tchèque imperturbable
Autre style de l’autre côté du globe, mais Jakub Mensik régale aussi actuellement. Celui que le grand public avait pu voir lors des deux derniers Grands Chelems dans lesquels il a remporté au moins un match, confirme les espoirs placés en lui cette semaine au 250 de Doha. Le Tchèque est inarrêtable et a déjà livré trois immenses performances. Des matchs qui lui ont permis de battre Davidovich Fokina, Murray et Rublev, pour la plus grande victoire de sa carrière. À 18 ans, le Tchèque se paye déjà son premier Top 5 et par conséquent Top 10 et rentrera lundi 26 février dans le Top 100 pour la première fois de sa carrière. Pour le moment, il siègerait à la 95e place mondiale, en cas de victoire en demie face à Gaël Monfils, il monterait à la 85e place et à la 75e en cas de titre dimanche.
Son jeu se rapproche plus d’un Medvedev, en plus offensif. Le gars est grand (1m91), très mobile, solide dans les points importants et peut se baser sur une grosse première et un coup droit de feu. Mentalement, il est déjà très impressionnant en résistant à des pressions folles comme contre Murray. Alors que dans le troisième set, il mène 5-2 après avoir joué deux tie-breaks, Murray revient à la volonté encore une fois et renverse tout pour prendre l’avantage à 6-5. Beaucoup de joueurs auraient cédé et perdu ce match. Mais pas Jakub qui va arracher la win dans un troisième tie-break.
En tout cas, entre la Next Gen qui tient encore la route, la Baby Gen qui commence petit à petit à prendre le pouvoir, les vieux Djoko et Rafa encore dans les parages et cette génération 2005-2006 qui arrive fort, le tennis a encore de beaux jours devant lui.