Lendemain de l’Open d’Australie 2023 : les louanges du monde du tennis et les félicitations de ses adversaires affluent pour le seul et unique Novak Djokovic. Mais un message détonne celui de Holger Rune. Il y en a un qui en a ras-la-coupe, pour rester poli, de voir les noms du Big 3 au palmarès. Et si ça ne plaira pas à tout le monde de l’entendre, il a sans doute raison.
Un petit gars plutôt pressé de faire sa place
« Quand les héros de notre enfance continuent à gagner des Grands Chelem, nous devons continuer à travailler !”
Voilà comment on salue le « nouveau » numéro un mondial chez Holger Rune, made in Danemark. « À nous de relever le niveau » ajoute -t- il en félicitant Novak Djokovic, au passage pour la forme. Le 9e mondial n’avait que 4 mois quand Federer a gagné son premier titre, il ne se rappelle pas non plus de celui de Rafa à Paris en 2005. Djokovic contre Tsonga en 2008 ? C’est pas dit. Le Big 3 a commencé à rafler des trophées avant sa naissance. Il les a vu grandir dans sa télé et c’est bien assez.
Sauf que le Serbe vient lui aussi de s’adjuger un 22e Grand Chelem, record en tennis masculin. Mais à part cette performance, chez les hommes, l’Open d’Australie a fait pschiiit tant le nouveau numéro 1 mondial n’a jamais vraiment été bousculé. En prime, revoilà un autre membre du Big 3 sur le toit du monde du tennis. Un duel des phœnix entre Rafa et Novak pourrait se jouer à Paris au printemps. Tous les fans old school en rêvent !
Mais ça Rune a l’air de s’en foutre assez royalement. Ce qui titille le petit Holger c’est que les Next & Baby Gen Medvedev et Alcaraz ne sont pas restés très longtemps au sommet avant qu’un membre de la Sainte Trinité viennent remettre les pendules à l’heure. Et encore, s’il n’y avait qu’eux trois !
Mettre les ogres du Big 3 et Murray au régime
Commençons par celui qui a mis du piment dans la première semaine, Thank God. Pendant que Djokovic inquiétait presque avec sa cuisse bandée, un autre indémodable s’est chargé de faire le show : Sir Andy Murray. Lui aussi brise les espoirs de la Next Gen’ avec sa hanche en métal, avec un gros pied de nez à son médecin, qui lui avait dit qu’il ne rejouerait plus jamais au tennis. Grosse erreur de diagnostic. Andy a dit à Kokkinakis de rester tranquille chez lui et renvoyé Berrettini quasi illico. Mais le problème est que ça dure depuis presque deux décennies.
Les membres du Big 3 ont tous conquis Melbourne il y a quinze ans, et maintenant l’Australie est devenue la terre de leur renaissance. Encore un point commun pour trois géants qui y sont allés chacun de leur comeback, en frappant chaque fois un peu plus fort. Roger en 2017, Rafa en 2022. Les ogres ont toujours faim.
Trop sont ceux qui ont misé sur la baisse de régime de ces monstres sacrés pour saisir leur chance. Car si leur physique leur a parfois fait défaut, leur mental lui s’affute comme ceux des vieux sages. Nadal inoubliable qui gagne deux Grands Chelems et un record sur un pied. Djokovic gigantesque qui vient pour sa revanche un an après la déroute. Ils nous le disent et nous le répètent c’est dans la tête, et autant dire que là ces vieux là ont de l’avance. Novak vient de dire qu’il ne voyait aucune raison de prendre sa pause café entre deux trophées. La retraite n’en parlez pas à Rafa il en a marre qu’on lui rabâche. Pourtant niveaux victoires finales, ça serait pas mal de doucement commencer à les mettre au régime.
La concurrence est aux abonnés absents, il va falloir répondre !
Ces derniers mois, il y a eu une bonne dizaine d’appels manqués. Heureusement, il y en a quand même deux qui ont répondu : fini l’admiration. Merci Carlos à Madrid et Holger à Paris. Mais on espère quand même plus. Allô, l’armada américaine ? On vous attend. Certes Fritz remporte Indian Wells avec un abdo en moins, mais il se prend les pieds dans le tapis à Wimbledon. Big Foe met Federer à la retraite et Rafa à la porte l’US Open. Par contre il s’arrête au 3e tour à Melbourne. Quand Korda rate sa balle de match contre Djoko à Adelaïde ça fait mal. Casper et Stefanos ça va piquer mais va falloir se rappeler de ses finales perdues. Il y a la place, c’est les ados qui vous le disent.
Sonner la révolte, mieux vaut tard que jamais
Les mauvaises langues rétorqueront que le Danois a eu deux balles de match contre Andrey Rublev à Melbourne et qu’il devrait continuer de balayer devant sa porte. N’empêche que Rune et Alcaraz semblent avoir les clés pour hacker le logiciel du Big 3, sans jamais avoir peur d’une bonne remise en question. Le scandinave est le seul à avoir réussi à battre Djokovic en finale à Paris en 2022. Son acolyte Alcaraz reste le premier à avoir vaincu Djoko et Nadal sur terre battue depuis Nalbandian. L’Espagnol avait annoncé qu’il voulait s’adjuger un Grand Chelem en 2022 et il a tenu parole en grapillant même la place de numéro 1 pendant quelques semaines. Quand Rafa et Djoko on laissé une miette et il l’a saisie au vol.
Inspirer ces contemporains ? C’est le pari de Rune. Les statues ne se déboulonnent pas toutes seules. Avec tous leurs titres, non le Big 3 n’a pas terminé le jeu. En 2023 malgré tout l’amour et l’admiration que l’on peut porter à ces champions intemporels, il est grand temps de défoncer la porte du Panthéon.