La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
C’est un Gaël Monfils new look qui débarque en Australie en ce début d’année 2022. Nouveau sponsor, nouvelle tenue et nouvelle raquette. Artengo (Decathlon) remplace l’équipementier Asics et la raquette Wilson. Troquer une Wilson contre une Artengo semble, dans un premier temps, un peu étrange. Patriotique d’accord, mais à ce point ?
Toujours est-il que les premiers matches de la Monf’ sont plus que convaincants. À Adélaïde où il lance sa saison, le Français brille. Tête de série numéro un du tournoi, il remporte son premier match de l’année contre l’Argentine Juan Manuel Cerundolo en moins d’une heure 6/2, 6/1. Puis Gaël enfile les tours comme des perles. Victoire 6/4, 6/1 contre Tommy Paul puis 7/5, 6/0 contre le local Kokkinakis. Le voilà qualifié pour sa 33e finale en carrière sur le circuit. L’attend la tête de série numéro deux, Karen Khachanov. Une nouvelle fois expéditif, la Monf’ s’impose 6/4, 6/4 en 1h20. Bondissant, plein d’énergie, le Français impose à ses adversaires un rythme dingue à l’échange et nous gratifie de coups gagnants dont il a le secret. Les plus aguerris montent dans le train avant l’Australian Open. Les autres le prendront en route.
Stupeur et tremblements
Après ce sacre, Monfils tente le pari d’enchaîner avec le deuxième tournoi d’Adélaïde. Une semaine avant le Majeur australien, le revoilà sur le court. Opposé au Brésilien Monteiro, Monfils est malmené, à la peine physiquement. Il remporte le premier set au tie break, avant de céder le second 7/6-3/6. Breaké d’entrée dans la troisième manche, Monfils abandonne. “Douleurs aux cervicales suite à une mauvaise nuit”, déclare-t-il à l’issue de la rencontre. Sa participation au tournoi du Grand Chelem n’est pas remise en cause. Ouf ! Le lendemain, le tirage de l’Open d’Australie offre à Gaël Monfils une probable confrontation face au numéro un mondial Novak Djokovic (pas encore renvoyé du territoire) en huitièmes de finale.
Place aux rêves !
Opposé à Federico Coria, pas vraiment une menace sur surface rapide, Monfils rassure sur son état physique. Le pauvre Argentin passe un sale quart d’heure, subit les frappes lourdes du Français qui ne le lui laisse que des miettes 6/1, 6/1, 6/3. La Monf’ confirme sa bonne forme et maintenant que Djokovic est retourné à Belgrade, le tableau s’ouvre et laisse place aux rêves les plus fous. Surtout que le niveau ne retombe pas. Monfils gifle ses adversaires. Bublik, Garin, Kecmanovic, aucun ne parvient à remporter le moindre set. Voilà Gaël en quart de finale de l’Open d’Australie. Cette fois-ci, tout le monde est dans le train, bien installé pour admirer le spectacle. Face à lui, se dresse le golgoth Italien au service d’acier Mattéo Berrettini. Monfils, qui ne l’a jamais battu en deux confrontations, sait à quoi s’attendre. “Très très bon joueur depuis deux ans. Un des meilleurs serveurs du circuit. Un jeu très flashy, avec beaucoup de points gagnants et un énorme coup droit. Il se déplace de mieux en mieux. C’est quelqu’un qui te bouscule vraiment, ça va être une grosse bataille contre un gros puncheur”, déclare-t-il avant la rencontre.
Défaite encourageante ?
Mais l’histoire tourne mal. Berrettini, dans sa zone, est intouchable sur ses mises en jeu et à l’affût de chaque défaillance du Français. Monfils manque de punch et semble avoir laissé au vestiaire, son grain de folie qui, souvent, le sublime. Lorsqu’il prend la direction de sa chaise avec deux sets de retard, plus grand monde ne croit à la demi-finale de rêve face à Rafael Nadal. Plus grand monde, sauf lui. Armé de sa raquette Artengo, devenue célèbre au fil des victoires, Monfils se libère et inverse la tendance. Avec ce retour à deux sets partout, le train rempli de rêveurs reprend de la vitesse, direction le choc face à Rafa. Mais une pause toilette plus tard et un Berrettini revigoré, provoque une erreur d’aiguillage. Dans la manche décisive, l’Italien retrouve de sa superbe s’offrant coup sur coup un break, puis un second. Au terme d’un combat de 3h50, le Français dit adieu à ses espoirs australiens, déchus par Mattéo Berrettini 6/4, 6/4, 3/6, 3/6, 6/2.
La mine déconfite, il ajoute cet énième rendez-vous manqué en Grand Chelem à une liste devenue trop longue “ J’ai eu la chance de jouer des matches où j’allais loin dans les tableaux en Grand Chelem, mais je ne les ai jamais très bien gérés, pour diverses raisons. Je n’ai jamais fait le bon choix. Encore une fois, je n’ai pas réussi à bien gérer le momentum » soufflait-il à l’issue de la rencontre. Malgré cet échec, la tournée australienne de la Monf’ est pleine d’espoir, comme le souligne son coach Gunter Bresnik
“Gaël peut être fier de lui. J’ai eu une longue conversation avec lui après le match et je l’ai trouvé trop dur envers lui-même. Et je lui ai dit d’arrêter avec ça. Franchement, c’est vraiment un très bon début de saison. Sa façon de se comporter, sa présence sur le court, sa manière d’être concentré sans vouloir penser à faire le show, j’ai aimé. Il a été le meilleur, pendant plus de deux sets face à un joueur comme Berrettini. Gaël a su dicter les points d’une manière intelligente, avec le bon équilibre entre sécurité et agressivité. Il a trouvé son jeu, définitivement. Il a un des meilleurs services du circuit, et une très bonne forme physique qui fait qu’il peut résister quatre heures face aux meilleurs. C’est juste que quand le gars est au sol, il ne faut pas lui laisser une deuxième chance… »