La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
Dans le sport, il y a une règle universelle qui dit : « tout est possible ». Et nos deux Masters 1000 américains estivaux nous l’ont bien rappelé. Deux vainqueurs surprises à Montréal et à Cincinnati avec pourtant des parcours relevés. Retour sur deux semaines hors du temps pour deux joueurs méritants.
La récompense de l’âge pour Carreno Busta
À 31 ans et après des années de bons résultats réguliers sur le circuit, il était enfin l’heure de Pablo Carreno Busta. La douceur chaude du Québec lui a réussi. Dans un tournoi où les trois premières têtes de série sont tombées d’entrée, PCB a su en profiter. Ce n’est pas pour autant qu’il a chômer, en veut pour preuve son parcours. Il a démarré par froisser, torturer, foudroyer trois top players à commencer par Matteo Berrettini défait 6/3 6/2. Holger Rune est la prochaine victime sous le score de 6/0 6/3, bien que le Danois traversait une période difficile avant de se reprendre à la fin de la saison. Jannik Sinner complète le brelan. La tête de série n°7 a cédé 6/2 6/4 contre l’infatigable Pablito.
On entre dans les matchs plus disputés pour PCB. En quart contre Jack Draper, vainqueur de Stefanos Tsitsipas au deuxième tour. Un premier set accroché qui va jusqu’au tie-break puis une fois gagné, une libération vers la victoire 7/6 6/1. En demi-finale, il tombe contre son miroir britannique, Daniel Evans. Même style tennistique, même dégaine, même charisme, le tout donne un long match en trois sets et trois heures à l’avantage de l’Espagnol 7/5 6/7 6/2. En finale, il croise la route de Hubert Hurkacz. Un affrontement qui fait soulever des foules pour une finale de Masters 1000 (malheureusement non). Trois sets pour un même scénario. Le premier qui break gagne. Et à ce petit jeu, c’est Carreno Busta qui gagne. Une victoire 3/6 6/3 6/3 qui lui permettent de décrocher son premier Masters 1000 en carrière, son plus gros titre jusqu’à alors.
Le retour fracassant de Borna Coric
Une semaine plus tard, direction les Etats-Unis pour le Masters 1000 de Cincinnati. La victoire de PCB à Montréal a certainement donné des idées à Borna Coric de retour après des mois et des mois de blessures. L’ancien espoir croate va étonner tout le monde, à commencer par lui-même :
« Je ne croyais pas que j’allais gagner le tournoi. Quand j’étais en demie, évidemment je savais qui j’allais affronter en finale parce qu’il ne reste plus beaucoup de matchs. Mais sur les premiers tours, je ne suis jamais concentré sur la prochaine étape. Je suis toujours focus sur le match que je joue, pas sur celui d’après. C’est ce que j’ai fait pendant cinq jours de suite. »
C’est vrai que lorsqu’on se penche de plus près sur ses six matchs on se rend compte du parcours du combattant qu’il a traversé. On débute en douceur avec Lorenzo Musetti, pas à l’aise sur dur extérieur. Une victoire qui met en confiance 7/6 6/3. Vient ensuite l’ogre Nadal qui débarque pour préparer au mieux l’US Open après un mois sans jouer. Alors que tout joueur normalement constitué aurait eu peur surtout pour un retour de blessure, Coric y va avec le couteau entre les dents et s’arrache. Un premier set gagné 11-9 dans le tie-break. Et malgré l’égalisation de Rafa, Coric remet les bouchées doubles et s’impose en trois sets 7/6 4/6 6/3. Il s’offre par la même occasion une des plus belles victoires de sa carrière.
Mais pour lui, le rêve ne s’arrête pas là. Beaucoup de joueurs auraient chuté après une telle victoire. Pas le Croate. Bautista Agut, Auger-Aliassime et Norrie sont cuisinés à sa sauce. Tous perdent en deux sets. Propre, net et sans bavure, du bon boulot en somme. En finale, Stefanos Tsitsipas s’est remis d’aplomb après l’échec de Montréal et veut gagner son troisième Masters 1000. Mais en face, il a sa bête noire, Borna Coric. Celui qui l’avait battu à l’US Open 2020 alors que le tableau lui tendait les bras. Eh bien, l’histoire s’est répétée. Victoire 7/6 6/2 du Croate qui décroche son plus beau titre comme PCB à Montréal et dégoûte une nouvelle fois le Grec. L’ironie voudra que le Grec s’incline encore contre son bourreau à Vienne 4/6 6/4 7/6.
Deux vainqueurs de Masters 1000 plus que surprenant, qui rappellent que rien n’est impossible dans le sport. Des victoires qui font du bien et qui changent des noms habituels du circuit.