Il serait peut-être temps d’expliquer à Carlos Alcaraz que le prochain Grand Chelem commence le 28 août, car cela fait deux semaines que le numéro un mondial n’arrête pas de disputer des matchs en trois sets. En effet, depuis le début de sa tournée américaine il a joué sept rencontres, en a gagné six d’entre elles et une seule en deux manches (contre Ben Shelton à Toronto). À Cincinnati, le jeune espagnol galère et peine à retrouver son niveau de jeu de la finale de Wimbledon. Faut-il s’en inquiéter à huit jours de l’US Open ? Et quelles sont les explications de ce coup de mou ?
Des performances en dents de scie
Après sa victoire face à Novak Djokovic sur le gazon londonien, personne n’aurait pensé écrire la phrase suivante. À Cincinnati, Carlitos a galéré à l’emporter face à Jordan Thompson (7/5 4/6 6/3) et Max Purcell (4/6 6/3 6/4). Un retour brutal à la réalité. Entre ces deux rencontres, le protégé de Juan-Carlos Ferrero s’est tout de même vengé de Tommy Paul (7/6 6/7 6/3) contre qui il avait perdu la semaine dernière. Et ce samedi, il est venu à bout d’Hubert Hurkacz (2/6 7/6 6/3) après avoir sauvé une balle de match. Voilà un tableau de chasse peu reluisant pour Alcaraz qui ne peut se targuer de fournir d’excellentes performances.
La faute d’abord à des fluctuations de sa concentration et de son tennis. Par exemple face au 13e joueur ATP, il est mené 2-5 dans la première manche avant de recoller à cinq partout grâce à une attitude conquérante. Puis dans le jeu qui suit, il a plusieurs occasions de break mais n’enfonce pas le clou. L’Espagnol se retrouve donc obligé de disputer un jeu décisif dans lequel il sera mené 3-5 avant de l’emporter. Contre le serveur-volleyeur australien, en quart de finale, c’est dans l’entame de la dernière manche qu’Alcaraz manque de mordant. Alors qu’il vient de recoller à un set partout, il mène 40-0 sur le service de son adversaire et peut le double breaker. Mais ce dernier rate le coche et dans le jeu d’après il concède son service à cause d’une double faute et de deux fautes directes de coup droit. Tout sera à refaire…
Un coup droit en vacances
En parlant de coup droit, il est temps d’ouvrir le sujet. Réaliser un amorti, défendre bombé, contrer le long de la ligne ou attaquer court croisé, Carlos sait tout faire avec ce dernier. Sauf cette semaine où il a décidé d’emprunter celui de Benoît Paire. Contre Purcell et dans le premier set, l’Espagnol réalise seulement quatre winners avec ce coup. C’est très loin de ses standards habituels. Face à Thompson, c’est dans la deuxième manche que son coup droit le lâche. Résultat : sept fautes directes pour cinq coups gagnants.
Mais alors comment expliquer cela ? La raison se trouve, comme souvent, dans les jambes. Alors qu’il adore le décalage coup droit, comme tous les Espagnols vivant sur cette planète, Carlitos manque de dynamisme, se retrouve collé à la balle et boise. Pour sa défense avec Cincinnati c’est seulement son quatrième tournoi sur dur en 2023. À titre de comparaison, Medvedev en a disputé 9 et Fritz 11. Un autre élément de réponse peut se trouver dans sa préparation physique. On peut soupçonner le clan Alcaraz d’avoir tout mis en œuvre pour que le pic de forme de leur poulain arrive à Flushing Meadows.
Malgré tout Alcaraz est en finale
Malgré tout Carlos Alcaraz continue à engranger les victoires. 55 en 2023 pour 5 petites défaites. En ne jouant pas son meilleur tennis il réussi à se hisser dans le dernier carré d’un Masters 1000 alors que tous les autres top 10, sauf Novak Djokovic, ont pris la porte de sortie. Et si c’était ça le secret des plus grands : gagner sans être flamboyant ? En demi-finale, Carlitos a encore montré qu’il terrifiait ses adversaires. Hurkacz a obtenu une balle de match, mais il a tremblé. Sur sa seule opportunité de conclure la rencontre, le Polonais rate une attaque de coup droit à la portée d’un troisième série. Puis dans le tie-break il mène 4-1, avant de ne plus passer de première balle de service et de perdre la seconde manche.
Soulagé et irréprochable sur son attitude, le numéro un mondial a ensuite déroulé dans le dernier acte. Même s’il a manqué de créativité et que le 20e mondial l’a dominé dans le petit jeu, Alcaraz s’est concentré sur les fondamentaux du jeu. À l’aide d’une première balle de service retrouvée (66 % sur l’ensemble du match), il a dominé sur ses mises en jeu les débats en coup droit. En retour de service, il a été patient, a modifié sa position en retour (dans le court puis dans les bâches) pour breaker après avoir échoué sur ses dix premiers essais. Un manque de réalisme chronique depuis le début du tournoi et qu’il faudra effacer s’il veut battre pour deux fois d’affilée Novak Djokovic.