La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
David contre Goliath
Elle avait avoué avoir eu “peur” lorsque le tirage au sort lui a révélé l’identité de son adversaire au premier tour de Wimbledon. Harmony Tan allait être opposée à une joueuse quadragénaire mais non moins légendaire qui n’a plus joué en compétition depuis près d’un an. Cela aurait fait d’elle la favorite de la rencontre si cette joueuse n’était autre que Serena Williams. On dit que parfois les grands joueurs remportent des matchs aux vestiaires, avant même de rentrer sur le court. Leur présence et leurs exploits du passé inhibent certains de leurs adversaires.
Mais Harmony Tan est une joueuse atypique. Son style de jeu tout en variations est le fruit d’une formation hors cursus fédéral. La protégée de Nathalie Tauziat, vainqueur de Wimbledon en 1998, a dû s’accrocher pour parvenir à son rêve. Sa petite taille était perçue par beaucoup d’entraîneurs comme un frein pour une éventuelle carrière professionnelle.
Un combat homérique
Alors qu’au moment d’affronter l’une des meilleures joueuses de l’histoire du tennis, Harmony Tan ne se pose guère de questions et prend l’événement par le bon bout. Le plan tactique est clair, faire bouger Serena pour ne pas subir ses lourdes frappes. C’est ainsi que la Française propose à son adversaire une tambouille faite de slices, de coup droit chopé et d’amorties. Des variations qui gênent une Serena Williams en manque de rythme et de repères. Le premier set est un chassé-croisé. Menée 2-0, Serena s’est accrochée pour reprendre les devants à 4-2, avant de finalement céder la manche 7/5 en 1h04.
Marquée physiquement Williams démontre dans le deuxième set son état d’esprit qui a fait toute la gloire de sa carrière. Sous le toit du Central Court, l’Américaine est une lionne en cage. Un bras fer s’engage alors, avec deuxième jeu de 20 minutes à 12 égalités, dont Serena se sort pour filer vers le gain de la deuxième manche 6/1.
La manche décisive est largement plus disputée. Les deux joueuses se rendent coup pour coup. Serena Williams est en mission. Sous les yeux de sa sœur Vénus, l’Américaine lève les bras lorsqu’elle prend le service de Tan à 4-4. L’émotion sur son visage laisse apparaître ce qui ressemble à des larmes. Elle va servir pour le match et obtenir une première victoire sur le circuit depuis plus d’un an. Tout cela, c’est sans compter sur Harmony Tan, qui reste dans sa bulle, malgré un public largement acquis à la cause de Serena. En même temps, l’Américaine est dans son jardin. La Française debreak puis obtient une balle de match à 6-5, sauvée par l’Américaine.
Le match se joue donc au super tie-break et comme dans ce troisième set, Serena Williams prend les commandes en menant 4-0. Mais l’abnégation de la Française fait la différence. Elle recolle d’abord puis se détache à 7-6. Serena Williams semble être arrivée au bout d’elle-même. Elle finit par céder ce match au scénario hitchcockien.
En s’imposant dans cette rencontre de prestige, Harmony Tan lançait un Wimbledon qu’elle n’imaginait pas. La belle aventure s’arrêtera en 8es de finale face à Amanda Anisimova. Son plus beau parcours dans un tournoi du Grand Chelem. Il fallait que ce soit lorsqu’aucun point n’est attribué…