Ce vendredi 1er mars était sous le signe de la tension générale partout dans le monde du tennis. D’abord à Dubaï où Andrey Rublev s’est fait disqualifié après avoir gueulé comme pas permis sur un juge de ligne. Puis à Santiago, quand Arthur Fils a démoli le superviseur en se plaignant de la qualité des terrains. Au-delà des comportements qu’on peut légitimement qualifier d’injustifiables, le problème ne serait-il pas plus profond ?
Ce 1er mars 2024 restera dans les moments forts de la saison. Non pas parce qu’Ugo Humbert a mis deux sets à Medvedev, mais plus par tout le drama qu’il y a eu en général. Ça a commencé à Dubaï lorsque Rublev se fait remonter par Bublik dans le 3e set. Le Kazakh fait 6-5 et Rublev se met à hurler de toutes ses forces sur un juge de ligne lui disant « Comment c’est possible ??!!! » Comprenez par « Comment c’est possible que tu ne vois pas la balle faute ?! » Le superviseur se pointe, demande à Rublev de répéter ce qu’il a dit au juge de ligne en Russe. Andrey se défend en disant qu’il lui a parlé en anglais. La situation s’envenime, le superviseur lui annonce qu’il va le disqualifier. Rublev n’en croit pas ses oreilles. Comme Bublik qui est aussi pantois que le principal concerné et qui demande à ce que le match se poursuive. En vain.
Plus tard dans la journée, Arthur Fils fait des siennes à Santiago. Il se plaint (à juste titre) de la qualité des terrains. Le superviseur en prend pour son grade. Le Français crie « Comment on fait ? Comment on fait mec ?« , suivi de « Fucking hell ! » puis de « Es tu un putain d’athlète ? Réponds à ma question es tu un putain d’athlète ?« . À la fin, Fils se prend simplement un avertissement pour propos obscènes. On peut dire qu’il s’en tire bien.
L’arbitrage un vrai sujet de fond
Maintenant que les bases et les faits sont posés, entrons dans le cœur du sujet et surtout des problèmes. La situation de Rublev n’est pas isolée. Rien qu’en 2024 de nombreux cas litigieux sur l’arbitrage ont déjà vu le jour. Prenons le Musetti – Cazaux à Dubaï par exemple. Trois erreurs d’arbitrage en cinq minutes. Sérieusement ? À ce niveau de jeu, c’est juste inadmissible. Ne parlons pas des cas presque quotidiens en Challenger car on y sera encore demain. De nombreux joueurs et joueuses ont pris la parole à ce sujet et beaucoup demandent l’installation de l’arbitrage automatique sur tout le circuit comme c’est déjà le cas aux États-Unis par exemple. Et c’est vrai que d’un point de vue équité sportive, et minimisation des injustices, on ne peut aller que dans leur sens. Reste la question éthique de la déshumanisation du tennis qui taraude les plus conservateurs. Et c’est vrai que d’un autre côté, quand on regarde un match sans juge de ligne, on se demande fortement à quoi sert l’arbitre à part dire le score.
Mais vu la direction que prend l’ATP dans ses récentes décisions, il y a fort à parier qu’à partir de la saison prochaine la VAR prenne le pas sur la majorité du circuit, délaissant les juges de ligne.
La qualité des terrains : une question de respect
Pour le cas Arthur Fils, sa colère peut se comprendre tellement l’état des terrains à Santiago est une vaste blague. Des rebonds aléatoires, parfois même inexistants. On se croit dans un tournoi Open au fin fond de la Mayenne, alors qu’on se trouve sur un terrain d’un tournoi professionnel avec plusieurs Top 50 mondial qui participent. Santiago n’est pas un cas isolé. En 2022, les courts du 250 de Naples avaient également beaucoup fait réagir de par leurs piteux états. Plus tôt dans la saison, le Future 25 000 dollars de Hammamet en Turquie avait fait parlé de lui à cause de leur terrains vagues sur terre battue. Que ce soit l’ATP et l’ITF, ils se doivent de vérifier la praticabilité des terrains au moins par respect pour les joueurs.
Chez les femmes, comment oublier le scandale des dernières WTA Finals à Cancun où certes la météo n’a pas aidé, mais où les courts étaient aussi très bancals.
Toutefois, peu importe les conditions, rien n’excuse les insultes ou les comportements déplacés d’une telle ampleur que ce soit pour Rublev ou Fils. Leur frustration est légitime, pas le reste.