Aryna Sabalenka en état de grâce
Aryna Sabalenka a mis deux jeux à entrer dans son match. Chahutée sur son premier jeu de service, la Biélorusse s’en sort. Sur le deuxième, les merveilles sortent de sa raquette. Autoritaire, elle contrôle les échanges. Sur le reculoir, prise par les trajectoires lunaires de Sabalenka, Iga concède la première manche en ayant déjà sauvée plusieurs balles de break. Le plan de la vainqueur de l’Open d’Australie est parfait : on gère ses jeux de services, on envoie des sacoches sur les deuxièmes balles adverses, voire les premières. Et vu son niveau de jeu sur ce premier set, ça marche très bien. Iga est dans les cordes.
Après un passage à vide en début de seconde manche, le match monte en intensité. À 3-1 contre elle, Sabalenka trouve deux angles géniaux pour mener 0-30. Le jeu est irrespirable, la Biélorusse se procure plusieurs occasions de débreaker mais n’arrive pas à conclure (on salue Jean-Claude Dusse). Elle met deux balles dans le filet avant de sortir un bijou qui finit en lucarne, un coup déterminant pour revenir à 3-2. Elle remonte même à 3-3, et subit le retour de Swiatek qui prend ce deuxième set et nous emmène tous vers un troisième set de tous les dangers.
Dans la troisième manche, qui fait définitivement basculer ce match dans l’ivresse, Aryna Sabalenka frôle le faux-pas d’entrée. Après avoir marqué les trois premiers points du jeu, la 2e joueuse mondiale se retrouve à égalité avec la n°1 mondiale. Pour éviter le break, elle sort un ace sur deuxième, plein de sang froid. Dès le jeu suivant, elle se procure une balle de break et la convertit aussitôt.
À 2/0, elle fait une double faute, se retrouve dans la difficulté et remporte un échange dingue pour sauver une balle de break. De nouveau dos au mur sur le point suivant, elle ressort gagnante d’un rallye dingue pour mener 3-0. La fin de match est folle. Après avoir vu Iga revenir à hauteur, Aryna remet la marche en avant et breake une ultime fois pour servir pour le match. Elle sauve une balle de break sur un ace et doit s’y reprendre à quatre fois pour s’imposer.
Iga Swiatek, fin de série
On connaît les forces et faiblesses d’Iga Swiatek. Elle excelle quand elle arrive à rentrer dans le train mais déteste qu’on la bouscule sur son coup droit. Depuis le début de l’année, elle galère contre Elena Rybakina qui lui impose une puissance semblable à celle de Sabalenka. Pourtant, elle a battu sa rivale biélorusse en Allemagne lors du dernier tournoi. Elle était sur une série de neuf victoires de rang sur terre battue et 46 victoires en 49 rencontres depuis Roland Garros 2020. Il fallait donc sortir un exploit pour la meilleure joueuse de 2023 pour renverser la montagne Swiatek.
Dès le début de la rencontre, les limites de Swiatek sont mises en lumière et la Polonaise se frustre devant le niveau de jeu cosmique de son adversaire. Elle ne peut que s’incliner devant les cacahuètes long de ligne qu’envoie Aryna Sabalenka. Elle fait face à 12 balles de break durant la rencontre (contre seulement 6 de son côté), et en sauve quand même 8, faisant preuve de sang froid dans certains moments chauds. Cependant, ça ne suffit pas à enrayer une Sabalenka victorieuse pour la 29e fois cette saison.
La Polonaise a eu le mérite de s’accrocher dans un match complètement décousu à partir du deuxième set et ce, jusqu’à la fin. Après 2 heures et demie de jeu, elle s’est inclinée contre plus forte qu’elle. Tenante du titre à Rome et à Roland, la numéro 1 mondiale devra tirer les bonnes conclusions de cette rencontre pour continuer de dominer sur terre battue. Ses points faibles restent à travailler mais sa marge sur la grande majorité du circuit sur terre est encore certaine.
Le nouveau Big 3 féminin est au diapason sur cette première moitié de saison 2023 et cette finale est une preuve supplémentaire du plaisir que l’on prend à suivre ces trois jeunes joueuses. Dans la moiteur crépusculaire madrilène, Aryna Sabalenka sort un exploit majuscule face à la terrienne Iga Swiatek pour remporter un deuxième sacre sur le court Manolo Santana. À quand la prochaine joute ? On a hâte !