La saison 2023 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse voire de désintérêt pour certains avec un niveau du Top 10 pas toujours au top. Des matchs renversants complètement fous de la part d’un nouveau Big 4, des records battus à la pelle (surtout par un joueur), mais aussi de nombreux absents majeurs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
Lesia Tsurenko et Ana Bogdan ne sont pas les joueuses de tennis qui viennent tout de suite à l’esprit lorsqu’on pense tennis féminin. La Roumaine est 57e mondiale, l’Ukrainienne 60e, sans avoir de faits marquants pour le grand public à leurs actifs. Pourtant, au 3e tour de Wimbledon, elles vont marquer à leur manière l’histoire de leur sport.
Un combat jusqu’à la dernière goutte d’effort
Cette affiche, c’est typiquement le genre de match où on se dit – malheureusement – « on regardera le score ça suffira ». Les organisateurs poussent dans cette direction là aussi en programmant cette rencontre sur le court 14. Les deux premiers sets durent 1h51. Bogdan prend le premier 6/4. Tsurenko le deuxième 6/3. En somme, rien d’extraordinaire. On voit ça toutes les semaines, si ce n’est tous les jours en tant que fan de tennis. Sauf que le troisième et dernier set va durer 1h45. La raison ? Une avalanche de break, Tsurenko qui ne conclut pas à 6-5 sur son service. Puis vient le super tie-break, nouveauté de 2023 où les quatre Grands Chelems se sont mis d’accord. Dernier set = super tie-break en dix points avec deux points d’écart.
Tsurenko mène 5-1. Bogdan revient à 5-5. Vous sentez venir le jeu décisif interminable ? Eh bien vous avez raison. Parce qu’à partir de là, ça ne se lâche plus d’une semelle jusqu’à 18-18. On répète. Ça ne se lâche plus d’une semelle jusqu’à 18-18 ! Le pire dans tout ça, c’est que les deux joueuses ont eu cinq nouvelles balles de match chacune. Mais non, personne ne veut finir ce match. À 18-18, Tsurenko prend le mini-break et termine derrière à 20-18 sur une amortie de Bogdan qui se loge dans le couloir.
La vainqueur tombe à terre d’épuisement. La vaincue s’avachit sur le filet d’épuisement. La pression retombe. Les applaudissements retentissent car forcément ce scénario invraisemblable a attiré du monde. Un beau câlin pour célébrer tout ça. Au tennis, il n’y a pas d’égalité et dans certains matchs c’est cruel.
Dans un match de 3h40 (!), Tsurenko et Bogdan auront marqué l’histoire du tennis féminin en jouant le tie-break le plus long de l’histoire en simple en Grand Chelem. Et si vous vous demandez quelle a été la suite pour Tsurenko, sans surprise cela a été une défaite express contre Pegula 6/1 6/3 en 1h13.