La saison 2023 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse voire de désintérêt pour certains avec un niveau du Top 10 pas toujours au top. Des matchs renversants complètement fous de la part d’un nouveau Big 4, des records battus à la pelle (surtout par un joueur), mais aussi de nombreux absents majeurs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
Le tennis français vit une longue période de transition. Maintenant que la moitié des quatre nouveaux mousquetaires sont à la retraite et qu’on se doute que Gasquet et Monfils ne vont pas tarder à les rejoindre, on se demande qui va prendre la suite. Dans la génération suivante, Ugo Humbert était celui qui paraissait le plus apte à prendre la tête tricolore au plus haut niveau. Mais le Messin a navigué dans la doute en 2022. Heureusement, 2023 s’est révélé être une bonne saison pour lui, mais on voit tout de même que quelques lacunes mentales persistent comme contre Sonego à Monte-Carlo ou Zverev à Bercy. Au milieu de tout ça, un jeune tricolore a bien fait son trou autant sur qu’en-dehors du terrain : Arthur Fils.
Arthur Fils : des débuts prometteurs
La saison 2023 d’Arthur Fils est sa première chez les grands garçons bien qu’elle commence en Challenger. D’ailleurs ça lui réussit bien car il remporte le Challenger d’Oeiras au Portugal en battant notamment la tête de série n°1 Ricardas Berankis. Retour en France ensuite, pour faire finale au Challenger de Quimper face à Greg Barrère. C’est à l’ATP 250 de Montpellier que les derniers fervents fans de tennis découvrent ce jeune français très ambitieux. Il atteint la demi-finale en battant sur sa route de vieux briscards comme Richard Gasquet ou Roberto Bautista-Agut. Jannik Sinner mettra logiquement fin à son parcours en demi-finale. Rebelote à Marseille. Il s’incline en demie une nouvelle fois en perdant contre Bonzi, mais en ayant à son tableau de chasse Safiullin et Wawrinka.
ATP 250 de Lyon : la naissance d’Arthur Fils
Jusqu’à la fin mai, l’espoir traverse un passage à vide comme beaucoup de pros. Mais une nouvelle fois, jouer en France le fait briller. Son parcours est très spécial. Il bat d’abord Zhizhen Zhang 3 et 2 au premier tour. Il profite ensuite de la disqualification de Mikael Ymer qui a fracassé sa raquette sur la chaise de l’arbitre. Puis, du forfait de Félix Auger-Aliassime. En demie, il croit avoir battu Nakashima après un dur combat, mais finalement l’arbitre change la décision sur la balle de match. Finalement, Fils s’impose tout de même au tie-break du 3e set. Et en finale, l’explosion est totale quand il bat avec autorité Francisco Cerundolo, membre installé du Top 30 6/3 7/5. À 18 ans, il remporte son premier titre ATP qui le propulse dans le Top 100 pour la première fois de sa carrière à la 63e place mondiale.
Arthur Fils : un diamant à polir
Sur la deuxième moitié de saison, Arthur Fils confirme son statut de bel espoir du tennis français avec de belles perfs. Il démolit Casper Ruud, son premier Top 10, à Hambourg 6/0 6/4. Cette victoire lui permet d’intégrer le Top 50, ce qui fait de lui le plus jeune membre de ce classement. En France, on n’avait jamais vu un aussi jeune joueur accomplir cette performance depuis Richard Gasquet en 2005. Ça place le type. Roger Federer lui fait confiance pour assurer pendant sa Laver Cup, signe également d’un niveau marketing très bancable. Au 250 d’Anvers, il sort Tsitsipas en demie en deux tie-breaks. Puis, il va jusqu’en finale du Masters Next Gen réunissant les huit meilleurs jeunes de moins de 21 ans de la planète.
En somme, pour une première saison sur le circuit principal, Arthur Fils a défoncé toutes les barrières possibles. Il termine l’année 36e mondial à 19 ans, l’avenir lui tend les bras. Maintenant, il va falloir être plus solide en Grand Chelem car c’est là où le public va l’attendre (on va prier pour éviter Davidovich Fokina au 1er tour, promis). En début de saison, Arthur Fils ne cachait pas ses ambitions de vouloir « devenir n°1 mondial et remporter un Grand Chelem ». Un excès d’ambition qui n’a pas plu à une partie du public français toujours très réticent culturellement avec les ambitieux. Mais Arthur Fils a le jeu, le physique, la gueule, l’énergie, le côté showman pour devenir une future tête d’affiche du tennis mondial aux côtés de ceux de sa génération né au début des années 2000.