La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
Il est 1h15 du matin, la première nuit du mois de juin 2022 est fraîche. Porte d’Auteuil, un balais de taxis défile devant les grilles de Roland-Garros. Ils sont près de 15 000 à chercher un moyen pour rentrer chez eux, sans pouvoir compter sur le métro hors service à cette heure-ci. Il ne s’agit pas ici d’une sortie de boîte de nuit mais ces quelques chanceux viennent d’assister à une soirée enivrante.
Incertitude et excitation
Si ce match avait été tiré d’une fiction, le réalisateur aurait probablement choisi Hans Zimmer pour composer la bande originale. Cela aurait été une formidable manière d’accompagner cette guerre des Dieux. Il s’agit ce jour là du 58e opus de la saga, mais personne n’est rassasié d’observer les deux acteurs principaux se lancer dans une nouvelle bataille toujours plus ébouriffante.
Pourtant avant le match, on ignorait dans quels états allaient arriver les deux protagonistes. D’un côté Rafael Nadal, le maître des lieux, presque invincible à Roland mais diminué par un pied abîmé. De l’autre Novak Djokovic en grande forme, mais aux repères fragilisés par un début de saison tronqué. Il est toutefois annoncé favori de la rencontre. Le Serbe a pour lui les conditions météos. La fraîcheur et l’humidité annoncées, sont sensées ralentir la balle du Majorquin et offrir plus de temps à Nole pour s’organiser.
Nadal intraitable
Les premiers échanges sont rassurants. Dès le deuxième point, un rallye de 22 frappes donne le ton d’une rencontre qui s’élèvera au rang de légende. Dans le premier set Rafa fait ce qu’il aime le plus : déjouer les pronostics. Oublié le niveau inconstant de ces dernières semaines, on retrouve ce soir le Nadal du début 2022, intouchable sur les 21 premiers matches de l’année. Avec son coup droit, il prend rapidement les rênes à l’échange et enfonce un Novak trop inconstant dans la bâche. 6/2, 3-0 double break après 1h20, le taureau de Manacor est en démonstration dans son jardin. Pourtant le tableau de score est trompeur et le combat bien plus intense qu’il n’y paraît. Djokovic, récent vainqueur du Masters 1000 de Rome, peine à convertir les points importants. À l’image de ce premier jeu de la seconde manche qu’il cède en 16 minutes après avoir sauvé six balles de break. Écœurant Rafa, mais Djoko est là. Rodant, à l’affût de la moindre défaillance de son adversaire.
Celle-ci intervient dans le prolongement de ce jeu à rallonge. La balle de Nadal fait moins mal, les fautes s’accumulent. Il n’en faut pas plus au Serbe pour qu’il reprenne son dû. Double débreak, Nole est de retour à hauteur à l’issue d’un nouveau jeu titanesque de 18 minutes cette fois. Après sa remontée, Djoko s’adjuge le set. 2h20 sur l’horloge et seulement deux sets écoulés. On craint alors pour le physique de Rafa qui avait fait en amont du match quelques déclarations intrigantes sur son avenir. Laissant planer le doute sur sa présence ici en 2023.
La remontada du 4e set
Mais l’heure n’est pas encore aux adieux et le Majorquin le montre dès le début de la troisième manche en breakant Novak. Un retard que le Serbe ne parviendra pas à refaire, impuissant face au service de Nadal. 6/2 Rafa, le mano à mano se poursuit et lorsque Djokovic mène 2-0 dans le quatrième set, on pense se diriger vers une manche décisive. Le Serbe s’offre même deux balles de set à 5-3. Des occasions qu’il ne fallait pas manquer. Avec Rafa l’addition se paye cash. Il recolle puis pousse le Serbe jusqu’à un ultime tie-break qu’il remporte 7-4.
En s’imposant dans ce choc titanesque 6/2, 4/6, 6/2, 7/6 Rafa s’envole vers un 14e trophée des Mousquetaires. Avant cela, le Majorquin a rendez-vous en demi-finale avec Alexander Zverev, tombeur de Carlos Alcaraz plus tôt dans la journée.
