La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
C’est le genre de moments qui suspendent le temps. Face à cela, les yeux se figent et les bouches s’ouvrent mécaniquement, laissant sortir un cri de douleur. Pourtant, aucun des 15 000 spectateurs du Chatrier, ni même les gens devant leurs postes, n’ont ressenti un sentiment comparable à celui d’Alexander Zverev ce premier vendredi de juin. Sur la terre de Roland-Garros, au bout d’une glissade, la cheville de l’Allemand s’est brisée et ses rêves de Grand Chelem avec.
Sacha voulait tous les attraper
Ses rêves, Sacha Zverev les a cultivés, alimentés depuis le début de la quinzaine parisienne. Tout cela n’aurait pourtant pu jamais arriver si l’Allemand n’avait pas sauvé cette balle de match concédée dès le deuxième tour face à Sebastian Baez. A côté de ses pompes pendant pratiquement toute la rencontre, Zverev s’en sort finalement miraculeusement en cinq sets 2/6, 4/6, 6/1, 6/2, 7/5. Une victoire qui lance son tournoi. Très à l’aise sur terre battue, l’Allemand s’est pourtant toujours heurté à un plafond de verre lorsque le niveau se rapproche de l’excellence. Failles mentales, faibles secondes balles, les mêmes points faibles reviennent inlassablement. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui avaient provoqué sa défaite en finale du Masters 1000 de Madrid un mois auparavant. Une défaite salée 6/3, 6/1 face à Carlos Alcaraz.
L’esprit de revanche domine forcément le joueur mondial, au moment de retrouver son bourreau de la capitale espagnole sur le central de Roland-Garros. Dès le début de la rencontre, Sacha s’appuie sur son arme fatale : sa première balle de service. Intraitable dans ce domaine, il n’offre quasiment aucune ouverture à Carlitos. Les deux premiers sets remportés, la machine allemande est bien rodée. Deutsch Qualität certifiée. Pas grand-chose ne semble pouvoir l’enrayer. Pas même la perte du troisième set. Breaké qu’une seule fois avant la fin de la quatrième manche, Zverev conclut sa prestation au tie break. Une victoire probante, 6/4, 6/4, 4/6, 7/6, qui laisse entrevoir de belles perspectives pour la suite du tournoi. Il est en demi-finale où l’attend le maître Rafa.
Un cri assourdissant sous le toit du Chatrier
Face à Nadal, Zverev rivalise. Son niveau est très bon, il mène 6-2 dans le premier tie-break. Il doit emporter le premier set tous les jours, mais les failles mentales que nous évoquions s’illustrent alors. Rafa remonte et remporte le jeu décisif 10-8. Un premier set gigantesque de 1h33. Le deuxième est plus haché mais tout aussi indécis.
Nous sommes à 6-5 dans le deuxième set qui a déjà commencé depuis 1h34. Nadal sert pour recoller à 6-6 et ainsi s’embarquer dans un nouveau tie-break. Après un échange en coup droit, Rafa attaque le revers de Zverev qui lui remet une balle plus courte. Le Majorquin peut ainsi rentrer dans le court, assénant un coup droit longue ligne surpuissant. Mais Zverev est sur la balle. En glissant il tente de tirer un passing de coup droit. C’est à ce moment-là que sa cheville se brise. Son pied bute sur un amas de terre, mais le corps de l’Allemand poursuit son mouvement. Il s’écroule, se tord de douleur et lâche un cri qui résonne encore dans tout Paris. Tout le monde, Nadal le premier, comprend immédiatement que la blessure est sérieuse. Les spectateurs du premier rang dévient le regard. Normal quand on voit une cheville en L. Personne à la télé ne veut voir le ralentit tant la douleur de l’Allemand est horrible.
Béquilles et absence longue durée
Pris en charge par les médecins sur le court, Zverev est évacué sur un fauteuil roulant. Rafa lui, reste sur sa chaise, attendant le verdict. Quelques instants plus tard, l’Allemand revient en béquilles sur le court, sous l’ovation du public. Il s’approche de son adversaire et lui annonce son abandon. Les deux hommes se quittent sur une accolade, l’image est belle. “Je suis triste pour lui », déclare Rafa à l’issue de la rencontre. « Il a fait un très bon tournoi. Je sais à quel point il se bat pour remporter un titre du Grand Chelem. Il y arrivera, et plus d’une fois.”
Quelques jours plus tard, Alexander Zverev annonce que plusieurs ligaments de la cheville sont déchirés. On sait que l’absence sera longue, mais on n’imaginait pas Sacha ne pas retrouver la compétition avant 2023.