La saison 2022 est maintenant derrière nous. Elle nous aura rempli de joie, d’adrénaline, d’excitation même, mais également de profonde tristesse. Des matchs renversants complètement fous, des Grand Chelem gagnés sur une patte, des records battus à la pelle, mais aussi de nombreux départs. Une ère est en train de se tourner. Pour se remettre tout ça en tête, Jeu Blanc vous propose une série de 50 articles en guise de memento.
Lorsqu’il remporte l’US Open 2009 en giflant Nadal en demie, puis en brisant la dynamique de Federer qui restait sur cinq sacres consécutifs à Flushing, Juan Martin Del Potro apparaît comme la cinquième roue d’un carrosse nommé Big Four. Seulement voilà, rien n’y personne n’a épargné le géant d’1m98, adulé en Argentine et déjà presque oublié partout ailleurs.
Une dernière danse sous les yeux de la Madre
Jamais avant ce 11 février 2022, Juan Martin Del Potro avait frappé la balle sous les yeux de sa “mama”. Pour la première fois en 17 ans de carrière Patricia Del Potro était présente dans les gradins du central de Buenos Aires à 400 kilomètres au Nord de Tandil, la ville natale de Juan Martin. Voilà l’une des causes de la vague d’émotions dont il a été submergé au moment d’entamer le dernier jeu de service de sa carrière. Les yeux embués par des larmes de plus en plus fréquentes, sous les “vivas” des aficionados. C’est de cette manière que “La Tour de Tandil” a mis un point final au chapitre de sa carrière à 33 ans. Comme un symbole ce jour-là, c’est Federico Delbonis de l’autre côté du filet. Au-delà d’être sans doute le service le plus affreux du circuit, Delbonis est avant tout le compatriote et compagnon de Del Potro. Ensemble, ils ont remporté la Coupe Davis en 2016. Opposé à la Croatie en finale, l’Argentine est portée par un Juan Martin héroïque malgré un doigt cassé.
Un corps cabossé
Avant son ultime retour à Buenos Aires, Del Potro s’était infligé un énième chemin de croix à la suite d’une opération du genou à Chicago en 2021. Son huitième passage au bloc opératoire en l’espace de douze ans. Après le poignet gauche, le droit puis le genou à quatre reprises. Alors, avant d’arriver dans la capitale argentine, la Tour de Tandil tombée au 753e rang mondial affiche sa résiliation avec, déjà, beaucoup d’émotions. “Je ne voulais pas que ce moment arrive (…) C’est ma santé qui me contraint à prendre cette décision” reconnaît-il en sanglots. L’enjeu de son après carrière : “dormir sans douleurs” révèle-t-il. Une décision plus que compréhensible.
Le match en lui-même est anecdotique. Trop loin physiquement que ce que requiert un match de ce niveau, Del Potro assène quelques derniers coups droit surpuissants mais s’incline 6/1, 6/3. Après la poignée de main, sous les acclamations du public, l’ex numéro 3 mondial accroche au filet son bandeau. Objet symbolique que Del Potro n’a jamais quitté au cours de sa carrière .
Le premier départ à la retraite de cette saison 2022 chez les hommes. D’autres devraient suivre mais ce sera compliqué de faire aussi émouvant et beau que celui de Juan Martin Del Potro.