La saison 2023 a déjà planté ses premières graines en préparation du premier gros tournoi de la saison, l’Open d’Australie à Melbourne. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette saison 2023 est terriblement hypante que ce soit sur le circuit masculin ou féminin. Entre le Big 2 qui essaye de protéger son trône contre une Baby Gen sans complexe et une Next Gen vexée et une Iga Swiatek qui va devoir répéter les exploits de 2022 contre des joueuses remontées à bloc notamment une certaine Caro Garcia, tout ça promet.
Dans la période de transition que le tennis est en train de vivre, 2023 sera peut-être l’année où un tout nouveau chapitre de ce magnifique sport se tournera. Ou peut-être pas. On le saura uniquement à la fin novembre quand on fera les comptes, notamment de deux joueurs : Rafael Nadal et Novak Djokovic. Ces deux légendes qui représentent aussi bien l’ancien temps que le présent sont les têtes à abattre pour le circuit entier. À eux deux, ils ont gâché plus d’une carrière et d’un palmarès. Encore plus si on met leur pote Roger dans l’équation. Le tout sur plusieurs décennies.
Si on arrive en décembre et qu’on remarque que « oh bah tient Novak a encore gagné l’Open d’Australie et Wimbledon et que bizarre mais Rafa a autant de Roland Garros que Medvedev a de titres (au 5 janvier 2023) », on pourra considérer que la transition devra encore attendre au moins une année de plus. Mais si la Next Gen (Medvedev, Zverev, Tsitsipas) ou la Baby Gen (Alcaraz, Rune, Sinner) et ceux qui gravitent autour (Ruud, Berrettini, Kyrgios, Rublev, Fritz, Auger-Aliassime) arrivent à les gêner et à les éliminer de ces tournois là, on pourra acter un réel changement d’époque.
Des jeunes qui doivent faire un coup d’état
Même si on adore voir Rafa et Djoko se battre pour savoir lequel des deux terminera avec le plus de Grand Chelem, il faut à un moment que les nouveaux qui ne le sont plus trop pour certains (on vous regarde Stefanos et Sascha) poussent une gueulante. Daniil est moins concerné car il l’a déjà remporté son Grand Chelem en battant Djokovic, dans un contexte très particulier certes, mais il l’a fait, point barre. Combien de fois la Next Gen s’est écroulée devant le Big 2 ? Combien de fois s’est elle liquéfiée devant elle ? Rien que sur les deux dernières saisons, les exemples s’enchaînent : Nadal vs Medvedev Open d’Australie 2022, Djokovic vs Tsitsipas Roland Garros 2021, Djokovic vs Medvedev Open d’Australie 2021, Djokovic vs Zverev Open d’Australie (quart) et US Open 2021 (demi-finale).
Heureusement, la Baby Gen semble moins respectueuse et plus méchante envers eux. En tout cas, en Masters 1000 c’est déjà fait. Alcaraz et Rune nous l’ont prouvé pour leur première année au très haut niveau sur le circuit, l’un à Madrid, l’autre à Paris Bercy. Reste à faire la même dans un des quatre majeurs. Mais les indicateurs sont plus que verts. Puis, il y a aussi toute cette ribambelle de joueurs qui gravitent autour ces deux générations. Des garçons comme Kyrgios, Berrettini, Ruud, Auger-Aliassime, Rublev ou Fritz ont également leur rôle à jouer. Tous possèdent le jeu et les capacités pour battre les deux grands. Ne reste plus qu’à y ajouter la mentalité et l’envie.
Thiem, Wawrinka, des comebacks possibles ?
En dessous de tous ces top players, se trouvent une pelleté de joueurs au profil très intéressant qui marqueront sûrement l’année à quelques reprises. On pense à des gars comme Tommy Paul, Borna Coric ou aux vieux briscards espagnols tels que Pablo Carreno Busta ou Roberto Bautista Agut. Mais parmi eux, deux attirent notre attention car ce sont deux anciennes gloires déchues pour cause de blessure : Dominic Thiem et Stan Wawrinka. Anciens vainqueurs de Grand Chelem, les deux se situent dans le Top 150 désormais. Est-ce qu’un retour au plus haut niveau reste possible pour les frontaliers ?
L’Autrichien a montré de belles choses en fin de saison. Il recommençait à gagner des matchs dans des tournois importants et non plus en Challengers. Jusqu’à ce qu’il enchaîne trop et qu’il arrête sa saison fin octobre, déclarant même forfait aux qualifications du Rolex Paris Masters. Si son niveau progresse de semaines en semaines pour arriver en forme et en confiance pendant la saison sur terre battue, attention aux dégâts. Un retour dans le Top 20 en partant de la 102e place mondiale est largement envisageable.
Pour Stan, le dossier est différent. Le Suisse va sur ses 38 ans, est 148e mondial, avec une machine qui ne va pas tarder à lâcher. Bien que son mental et sa volonté de revenir soient encore présents, le physique tombe et les résultats peinent à s’accumuler, notamment dès que le niveau monte. On l’a constaté il y a quelques jours lors de la United Cup contre Hurkacz. Même son combat face à Holger Rune fait office de parfait exemple à Bercy. On se dit alors que la retraite approche et qu’après qu’une légende helvétique soit partie en septembre 2022, bientôt une autre emprunte ce même chemin. Le plus tard possible, mais bientôt.
Circuit WTA : Iga contre le reste again ?
On passe chez les dames et là aussi, la saison est très excitante. On commence forcément par le gratin, et ce gratin n’est nul autre qu’Iga Swiatek. La n°1 mondiale possède plus du double de points que sa dauphine, Ons Jabeur et parait tranquille, en train de siroter un jus sur son trône de reine du tennis mondial. Mais dans ce sport, tout succès a un prix, celui de le défendre. Certes, la Polonaise possède plus de 10000 points, mais elle va devoir les conserver. Et pour cela, répéter les mêmes exploits qu’en 2022. Soit pour résumer, deux Grands Chelems (50%), quatre WTA 1000 (50%) et 2 WTA 500 (pas 50%). Sans oublier toutes les finales et demies qu’elle a accumulées.
Même si ça parait fou de se dire que la joueuse de 21 ans, oui 21 ans, est capable de refaire le coup, elle en a les capacités. Et sur toutes les surfaces, mis à part le gazon qui représente une partie mineure de la saison. Iga semble prête à refaire une saison dingue, mais est-ce que la concu n’aurait pas son mot à dire.
Car certes, Swiatek domine, mais Swiatek n’est pas seule sur le circuit. Ses trois poursuivantes sont bien déterminées à la détrôner cette année. Ons Jabeur, deux fois finalistes en Majeur compte bien transformer l’essai cette fois. De même pour Jessica Pegula qui en a marre d’être le cheval placé mais jamais gagnant. Puis notre Caro Garcia nationale qui a inscrit sur sa liste d’objectifs 2023 : gagner un Grand Chelem. Et vu son jeu, on se doute que ça se passera sans doute à Melbourne ou New-York. En tout cas, une chose est sûre, cette saison 2023 dans le haut du panier féminin a tout autant sa part d’excitation que chez les hommes.
Des jeunes qui ont faim, très faim
Chez les hommes comme les femmes, de jeunes joueurs et joueuses veulent se faire leur place chez les grands après une fin 2022 où les observateurs les plus curieux ont beaucoup parlé d’eux. Chez les messieurs, Ben Shelton est le nom qui revient le plus. L’Américain qui n’avait jamais quitté son pays jusqu’à fin décembre 2022 part enfin découvrir le monde et les joies des voyages incessant pour jouer au tennis. Entrée dans le Top 100, à la 96e place après sa première victoire en Challenger en toute fin d’année, le virevoltant universitaire pourrait bien chambouler toutes les cartes du circuit à l’image d’Alcaraz et Rune avant lui.
Chez les dames, deux noms se démarquent : Alycia Parks et Linda Fruhvirtova. La première, Américaine, s’est illustrée au WTA 500 d’Ostrava en éliminant Karolina Pliskova et Maria Sakkari. Désormais, installée à la 76e place mondiale, la puissante joueuse va avoir envie de prendre de la hauteur. Dans un classement féminin en constant changement, tout reste possible. Même défi pour la Tchèque, bien qu’elle ait déjà remporté un titre sur le circuit principal à 17 ans. Classée juste en dessous à la 80e place, l’aînée Fruhvirtova a l’ambition, le jeu et la conscience qu’elle peut frapper un grand coup sur le circuit.
Tant d’éléments qui vont le charme et l’excitation de cette nouvelle saison. L’Open d’Australie débute dans 5 jours, lançant en grande pompe cette année de tennis qui a tout pour être magnifique et charnière pour l’histoire de ce sport.