Maintenant que Djokovic a ajouté la médaille d’or olympique, seule page qui manquait à son scénario parfait du GOAT, on vous propose quatre hypothèses pour la plus importante de toutes : la dernière.
Scénario « Sampras » : la retraite (presque) immédiate
La façon dont Djokovic s’est imposé aux Jeux olympiques de Paris 2024 n’est pas sans évoquer la victoire de Sampras à l’US Open 2002. Même si l’Américain restait un grand joueur, il n’avait plus le jus nécessaire pour battre les Lleyton Hewitt, Marat Safin et autres Roger Federer qui commençaient à s’imposer dans le circuit. Mais voilà qu’il réussit à battre son plus grand ennemi, Andre Agassi, en finale sur l’Arthur Ashe Stadium. Un 14e grand chelem, alors record en catégorie masculine (le chiffre sonne bizarrement rikiki désormais), qui semblait un couronnement.
Ensuite, aucun match officiel, puis l’annonce d’un tout petit good bye au bout d’un an d’attente. Ce scénario semble bien convenir à Djokovic, conscient de l’importance de laisser une dernière image imbattable de lui-même. Et quoi de mieux que l’or contre Carlos Alcaraz, son dernier grand adversaire, suivi d’une victoire ou une finale à l’US Open ? Seulement s’il fait ce choix, il faudrait éviter l’attente et les rumeurs qui ont entouré celui de Sampras, à savoir de nombreuses défaites en match amicaux, des annonces successives de forfait dans des tournois, pour ne pas diminuer sa force. Entre le drop the mic et le minimum syndical, la frontière est maigre.
Scénario « toujours là » : le Djoko infini
Il se pourrait qu’au contraire, le Serbe voie cette victoire comme l’évidence que c’est toujours lui l’homme à abattre, que quiconque ose dire « Je suis le meilleur » doive le vaincre pour le prouver. Un regain de peps plus fort que la créatine qu’il affectionne tant et qui prouverait que son début de saison un peu douteux venait d’un manque de motivation, du sentiment qu’il avait déjà tout prouvé.
On sait bien que la force du comeback peut être une source d’énergie étonnante pour les champions. Il correspond bien à ce goût que Djokovic a développé avec le temps d’être toujours le vilain impossible à éliminer. Le risque de ce scénario à la Joker ? Il faudrait le prouver dès l’imminant US Open, et se remettre d’une finale à Wimbledon suivie d’une semaine extrêmement exigeante à Porte d’Auteuil, le tout dans la presque convalescence d’une opération du genou et avec une main peut-être toujours tremblotante. Cela risque d’être une montagne difficile à surmonter, plus exigeant que le mode légende du Top Spin 2k25.
Scénario « avec sursis » : le dernier mur de Djoko
Le palmarès inégalable de Nole peut lui permettre de justifier un record d’achat d’étagères chez lui, mais aussi de tenter une option risquée : continuer jusqu’à la défaite définitive, celle qui viendrait prouver que l’heure est venue, mais pas avant. Attention : il ne s’agit pas de se laisser chuter dans le classement, comme Andy Murray et sa hanche en acier, mais au contraire, de bien saisir qu’elle est la dernière et douce défaite. Une demi-finale trop dure, une finale trop inégale, une excuse parfaite pour s’éclipser au bon moment. Il faut que ça lui permette un adieu relativement tardif mais plus que digne, tout à fait classe.
C’est le scénario le plus difficile à imaginer car le plus imprévisible. Ça implique une lecture de la situation extrêmement réaliste, et les joueurs savent bien combien d’aléas sont à l’œuvre dans le circuit. Il y a toujours cette petite voix qui te dit « Si l’autre gars avait eu un mauvais jour, et Dieu sait que ça peut arriver une insomnie à la con, j’aurais quand même pu gagner ». Il faudra beaucoup de mental à Novak pour savoir reconnaitre dans cette petite voix un chant de sirène.
Scénario « mou » : la tournée d’adieu
Beaucoup de grands champions ont fait de leur fin de carrière une longue et parfois pénible tournée d’adieu. On se souvient de comment Serena Williams enchainait les tournois où la victoire finale semblait impossible mais où elle transmettait quand même toujours une grande émotion de par sa présence et quelques éclats de jeu qui faisaient lever le public de sa chaise. À leur façon, Nadal et Federer ont envisagé ce départ. Comme le formulait très bien l’Espagnol, cela consiste à « ne plus jouer pour les résultats, mais pour les émotions ». Dans le cas de Federer, des problèmes physiques ont quand même rendu compliqué une tournée naturelle, finissant malgré tout par une bouleversante soirée à la Laver Cup en septembre 2022 qui nous a tous fait chialer.
De tous les scénarios, celui-ci semble le plus improbable. D’abord, parce qu’il y aurait quelque part une erreur de casting. Même si Djoko n’est pas si détesté qu’il le croit, il n’éveille pas le même type d’admiration affective reçue par Nadal et Federer. Sujet largement abordé dans les éternels débats sur le GOAT. Mais surtout parce que justement Djokovic ne veut pas être le copycat des deux autres. Il serait gêné de sentir en même temps qu’il usurpe un rôle, mais aussi d’en quelque sorte rabaisser son échelle de compétitivité à la leur, après avoir passé tellement de temps à prouver qu’il aspirait à se placer une marche plus haut. Oui même pour sa sortie, Djoko est en compétition avec Rafa et Roger.
Que ce soit le bon ou le mauvais choix, il faut d’ores et déjà assumer une évidence : il approche.