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Bruit de couloir

Jo-Wilfried Tsonga se lâche sur la gestion du tennis français : les termes sont dit, les problèmes évoqués, reste à trouver des solutions

Tsonga
Source image : Youtube | Prime Video Sport France (screenshot)

Dès le second tour plus aucun Français n’est encore en course dans les tableaux principaux de Roland Garros. Un triste résultat, malheureusement attendu et qui révèle les limites de la formation française. Justement à ce sujet, Jo-Wilfried Tsonga s’est exprimé avec beaucoup de transparence sur le plateau de Prime Vidéo.

Pour la deuxième fois en trois ans, pas un représentant bleu blanc rouge ne jouera au troisième tour que ce soit chez les hommes ou les femmes. Un constat alarmant, mais dont le monde du tennis est au courant. Le tennis français vit une période de creux depuis que les quatre nouveaux mousquetaires sont sur la fin. Chez les femmes, on croyait à la renaissance de Caroline Garcia, aujourd’hui 4e mondiale, mais la pression de la favorite l’a fait redescendre sur terre. Sur ce sujet très important pour l’avenir du tennis tricolore, Jo-Wilfried Tsonga a expliqué calmement, mais en pleine transparence tous les problèmes de la formation française sur le plateau de Prime Vidéo. À commencer par l’uniformisation de notre tennis.

« Les pays qui fonctionnent le mieux aujourd’hui ça va être l’Italie, l’Espagne, la Serbie, la Croatie, ces pays-là. En réalité, ils n’ont pas de fédé. C’est à dire qu’aujourd’hui, ce sont des pays où on laisse les gens se débrouiller comme ils veulent. […] Il faudrait un moment qu’on soit capable d’au lieu amener tous ces jeunes au même endroit (au CNE de Paris ndlr), dans la même direction les laisser faire car si on a pris une mauvaise direction et qu’on les a tous mis dans le même lot évidemment il n’y a pas grand monde qui sort. » 

En plus de tous les faire aller dans la même direction, on les brident sur l’objectif principal. En les faisant jouer majoritairement sur dur à Paris, on enlève la partie sur terre battue très importante. Donc déjà que la concurrence est rude, on se sabote nous-même sur une potentielle victoire française à Roland Garros. Pourquoi ne pas ouvrir des centres de formations dans le sud de la France où les terrains en ocre sont plus présents ? Mais pour revenir sur le problème de l’environnement, Jo cite simplement l’exemple de deux grands champions qui ont eu un point commun dans leur formation comme solution.

« Il faudrait les rapprocher d’un environnement qui leur convient éventuellement de chez eux, de leur parent parce qu’il faut savoir que Rafa, un grand champion de tennis, il dort chez lui le soir à côté de chez parents. Roger a suivi un parcours en sport étude, mais c’est un projet familial parce qu’en Suisse c’est pareil, ils n’ont pas une aide illimité. »

Et lorsqu’on prend du recul, c’est vrai que lorsqu’on est enfant et même adolescent quitter le nid familial et pour la plupart monter à la capitale pour poursuivre son rêve, ça peut être compliqué. Surtout dans le tennis où les sélections sont dures. Seuls les cent meilleurs dans le monde en vivent correctement. Et les voyages dans toute l’Europe voire dans le monde entier sur le circuit Future puis Challenger peut-être fatiguant surtout si les résultats mettent du temps à venir. Et ça Tsonga l’explique également.

« Pour les jeunes joueurs français, on les fait jouer loin de chez eux, c’est difficile, on leur fait payer des loyers très chers. Honnêtement, est-ce qu’on préfère pas mettre de l’argent dans un coach que dans un loyer qui est très cher ? »

Dernier point sur lequel l’ancien finaliste de l’Open d’Australie insiste c’est le partage, la transmission. Déjà que les jeunes joueurs et joueuses sont livrés à eux même, où va-t-on s’ils ne peuvent bénéficier de l’expérience de nos anciens champions ? Certes, dans les 39 dernières années, personne n’a connu les grands sommets comme remporter un Grand Chelem ou avoir été n°1 mondial. Mais, il y a une pelleté de joueurs et joueuses qui ont connu des grands moments de jeu, de pression en jouant contre les meilleurs du monde. Et ça, ça n’a pas de prix.

« Je pense que dans la transmission on est très mauvais. Que ce soit les Espagnols, les Serbes, les Américains souvent les meilleurs anciens joueurs suivent les nouveaux meilleurs joueurs. Et il y a une transition qui est faite directement. En France on n’est pas bon sur ça. Je suis responsable, je pense qu’on est tous les trois (en s’adressant à Guy Forget et Fabrice Santoro) responsable. Ce dont on a besoin aujourd’hui c’est de rapprocher les lignes. »

Une frontière qu’acquiesce également Guy Forget sur le plateau et qui en rajoute une couche.

« Je sais qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’arriver au haut niveau. On n’entraîne pas Jo-Wilfried Tsonga comme on entraîne Gaël Monfils ou comme Richard Gasquet ou Gilles Simon. Et la deuxième chose qu’on a en France, c’est qu’on arrive pas à faire prendre conscience aux joueurs qu’ils doivent s’approprier leur propre projet. Pourquoi ces joueurs étrangers développent des qualités mentales supérieures aux nôtres ? Parce qu’ils sont livrés à eux-mêmes et qu’ils n’ont pas le choix. » 

Le tennis français ne vit pas sa meilleure période, c’est un fait. Comme souvent, on peut avoir de l’espoir surtout avec le duo Arthur Fils – Luca Van Assche qui montrent de très belles promesses. Désormais, il faut que tout ça se concrétise avec de plus grands titres. Et ça passe par un changement en profondeur à l’origine du problème, la formation. 

Auguste Amar

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