À 35 ans et avec une hanche en métal, Andy Murray a enchaîné 10h40 de jeu sur ses deux premiers tours de l’Open d’Australie. Deux victoires en cinq sets sur Matteo Berrettini tête de série 13 et Thanasi Kokkinakis auteur d’un début de saison de feu. Cette victoire a laissé sa maman en pleur dans les tribunes et tout le reste sans voix. Cela vaut bien un coup de cœur.
À quel autre joueur pouvions nous adresser un coup de cœur en ce début d’Open d’Australie ? Qui d’autre que Andy Murray nous a transporté autant que lui dans les deux premiers tours du Majeur Australien ? À 35 ans et après une longue traversée du désert entamée en 2018 par une opération à la hanche, cet état d’esprit mérite plus que mille mercis.
Le spécialiste des come back
Depuis que Federer, Nadal et Djokovic se sont amusés à battre chacun leur tour les records de ce sport, la notion de GOAT est apparue chez les fans de tennis. Comme s’il devait y en avoir qu’un. Ce statut est alors devenu totalement subjectif. Les aficionados trouvent des arguments pour détacher leur idole. Mais lequel de ces trois bonhommes a été confronté à une telle épreuve ? Oui, Roger a remporté l’Open d’Australie après une opération du genou, Nadal a gagné Roland avec un pied anesthésié et Djokovic a été sacré à Melbourne avec une déchirure abdominale. Mais janvier 2019, Andy Murray lui, n’avait pu retenir ses larmes craignant devoir mettre un terme à sa carrière, torturé par une hanche droite rouillée. Il a alors décidé de tout miser sur une ultime opération. Pari plus que réussi lorsqu’on le voit aujourd’hui enchaîner ses 27 et 28e victoires en cinq sets en carrière. Un scénario devenu sa spécialité.
Pourquoi tout ça en fait ?
Combien de fois nous aura-t-il fait le coup ? Mains sur les genoux, boitant pour aller récupérer sa serviette. Laissant l’impression qu’il ne pourra pas aller au bout du match. Prenant régulièrement, tout son monde à contre pied, adversaires comme observateurs. Non pas qu’il s’agisse ici d’intox ou de cinéma, la souffrance du Britannique est réelle, mais sa volonté, au-dessus de tout. Pourtant, qu’a-t-il encore prouvé ? Lui, le vainqueur de trois tournois du Grand Chelem, double médaillé d’or aux JO et n°1 mondial pendant 41 semaines dans une ère dominée par les trois plus grands de l’histoire de ce sport.
Que cherche encore Andy Murray à l’Open d’Australie 2023 ? Simplement de la « fierté » selon ses dires après sa victoire sur Berrettini au premier tour. La fierté du travail qui paye, la fierté de voir que toutes ces années passées, d’abord dans les salles de rééducation, puis sur les tournois du circuit secondaire, lui permettent aujourd’hui de revivre des émotions, peut-être, équivalentes aux soirs de sacres. Comme celle de voir sa maman émue aux larmes après sa victoire au petit matin australien contre Thanasi Kokkinakis.
Dans le futur, il sera peut-être effacé par de nouveaux joueurs aux palmarès plus étoffés, encore que…mais si tous, pouvaient avoir un petit peu d’Andy Murray en eux, alors le tennis serait à coup sûr, entre de bonnes mains.