En s’imposant face à Taylor Fritz, 6/7 7/6 6/4 6/7 6/2, ce jeudi 19 janvier, Alexei Popyrin s’est qualifié pour le 3e tour de l’Open d’Australie. Avec un tableau ouvert et le soutien d’un public chauffé à blanc, tous les rêves sont permis.
Les “Popyyyy Popyyyy” descendus des tribunes de la John Cain Arena ont ému aux larmes le héros du jour. Avec sa victoire face à Taylor Fritz, Alexei Popyrin s’est offert sa quatrième victoire sur un membre du Top 10 en carrière. Il affrontera un autre Ricain, Ben Shelton au prochain tour et commence à prendre goût aux victoires en Grand Chelem.
“Je vais continuer à travailler, je vais continuer à pousser, je vais tout donner jusqu’au bout. J’aime cette ambiance et je veux la revivre” (interview sur le court)
Il aurait pu briller, ballon au pied, sur les terrains de Premier League
Né en Australie de parents russes, vous l’aurez deviné avec ce nom de famille, Popyrin se retrouve très tôt avec une raquette à la main et un ballon au pied. À Dubaï où il grandit, il alterne entre le tennis et le football. Le jeune Alexei est doué dans les deux sports au point d’attirer les regards de recruteurs. Entraîné par un ancien international anglais, Carlton Palmer, les observateurs tentent de le convaincre d’arrêter le tennis pour qu’il se focalise sur une carrière de footballeur qui s’annonce prometteuse. Sa maman, très présente dans la carrière de son fils, au même titre que toute la famille, pose son veto. “Venez le voir sur un court de tennis, vous comprendrez« , dit-elle à l’entraîneur de foot de son fils. Coup de pression mise par la madre. Dès lors, Popyrin se consacrera uniquement à la petite balle jaune et sa carrière va s’accélérer.
Source image : Alexei Popyrin Instagram
À 10 ans, il rejoint l’Europe pour se comparer aux meilleurs joueurs de sa génération comme son compatriote Alex de Minaur. Dans un entretien accordé à l’ATP, Popyrin se souvient de cette période.
“On traversait l’Europe en famille pour que je m’aligne sur les tournois. Avec mon frère, qui jouait également, nous nous chamaillions à l’arrière de la voiture et mon père au volant passait son temps à nous crier dessus.”
Roland-Garros junior et les premiers succès
Au fil des années, Popyrin confirme les espoirs placés en lui. Sa croissance (1m96) fait de lui un gros serveur et son coup droit puissant est redoutable. En soit, niveau corpulence on se rapproche des physiques de la Next Gen. Des atouts qui lui permettent de se distinguer sur surface rapide. Pas étonnant que ce soit sur dur qu’il ait réalisé ses meilleurs parcours en Grand Chelem avec des troisièmes tours à l’Open d’Australie et à l’US Open. Pas étonnant non plus que son premier Grand Chelem junior soit Roland Garros 2017. Si ? Il bat en finale l’Espagnol Nicola Kuhn 7/6 6/3. Un titre qui marque la fin d’une étape dans sa carrière.
“Gagner un tournoi, c’est toujours agréable, mais quand c’est un Grand Chelem, c’est encore plus fort. C’est génial d’avoir franchi cette étape. Maintenant, il faut passer chez les pros et essayer de faire pareil au niveau supérieur.”
Son apprentissage du tennis professionnel se déroule sans accroc. Il dispute ses premiers matchs ATP en bénéficiant d’invitations sur des tournois à Sydney puis à Melbourne pour l’Open d’Australie. En 2018, il remporte son premier titre sur le circuit Challenger à Jinan, en Chine et fait son entrée dans le top 100 l’année suivante.
Sans Kyrgios, il pourrait devenir l’attraction de cet Open d’Australie
Malgré son premier titre ATP à Singapour en 2020, faisant de lui le 59e joueur mondial, Popyrin a depuis le début de sa carrière un mal récurrent : briller loin de son île. Comme globalement tous les Australiens. Son année 2022 illustre parfaitement cette difficulté. Saison pendant laquelle il n’a remporté que cinq petits matchs sur le circuit principal. Un triste bilan, qu’il se félicite d’avoir déjà amélioré après seulement trois semaines en 2023 : “J’ai déjà gagné autant de matchs cette année que sur toute la saison passée”, sourit-il sur le court après sa victoire au deuxième tour du Majeur Australien. Avec un Nick Kyrgios sur le banc de touche, il pourrait bien être la feel good story pour le peuple local de cet Open d’Australie. Bien qu’on n’oublie pas Alex de Minaur ou Thanasi Kokkinakis.
Comme beaucoup de ses compatriotes, Popyrin aime le mois de janvier. Il peut jouer devant sa famille et un public qui le pousse à dépasser ses limites. Une ambiance avec laquelle il joue, n’hésitant à réclamer les vivas de ses supporters sur les points importants.
En 2023, Popyrin a déjà ajouté Felix Auger-Aliassime à Adélaïde puis Taylor Fritz cette nuit à son tableau de chasse. Une victoire qui lui ouvre les portes d’un tableau déserté par les favoris (Fritz, Ruud). Cela lui permet d’envisager les rêves les plus fous. En tout cas, bon courage à Ben Shelton, son adversaire du prochain tour pour résister à la fournaise qui l’attend.